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La mexicaine

14 septembre 2009

les lions ébourrifés

Aujourd'hui il pleut, il fait froid, le ciel est tout gris. Un feu dans la cheminée, les chats qui se collent à mes jambes à la recherche d'un peu de chaleur. J'essaie de me préparer à l'hiver, je prends une douche brûlante puis quelques secondes d'un jet glacé. C'est mon voisin qui m'a conseillé cela. Lui ne se douche qu'à l'eau froide, à soixante-cinq ans. J'essaie de suivre son exemple,  j'ai commencé par une giclée de deux secondes et demie. J'espère progresser chaque jour. C'est dur. Aujourd'hui, c'est un jour de petites victoires sur moi-même. Un jour de jeûne. Je bois des litres de thé sucré au miel, je sais que demain j'aurai une énergie folle. J'ai ces moments-là, quand j'ai un peu honte de  moi-même, quand j'ai l'impression de ne rien faire de chouette avec mon temps, je fais certains exercices qui, j'ai l'impression, forcissent mon corps, et dans le même élan, font travailler ma volonté. J'aime traiter les dimanches et les lundis de façon particulière. Les dimanches, il y a dans l'air une dépression générale, surtout le dimanche soir. Cela vient de l'enfance, de l'école. Je crois que ce blues du dimanche soir m'a accompagnée pendant très longtemps, gâchant complètement cette belle journée gratuite où l'on ne devrait penser qu'au plaisir. Alors depuis quelques années, les dimanches et les lundis sont devenus des journées très travaillées, je ne les prends pas à la légère, je ne les laisse pas aller, je les décide et les organise. Le dimanche, je le construis comme une fête et surtout, j'essaie d'aller à contre-courant, ne pas faire comme les autres, ne pas me plonger dans cette zone grise dépressive et qui pèse lourd, alors que tout le monde est au ralenti et traîne en pyjama les dimanches, il faut s'activer, s'emparer de la ville vide, la faire vivre: j'aime me lever tôt, m'habiller avec un soin particulier, me maquiller et me coiffer, partir à l'assaut des rues. C'est une des rares journées de la semaine où México est aimable, pas d'embouteillages, pas de klaxophonie. J'explore un quartier que je ne connais pas trop, je visite une exposition, plutôt loin et dans un musée où je n'ai pas l'habitude d'aller, je grignote dans un restaurant qui n'évoque pas les dimanches mais les repas pris sur le pouce en pleine semaine. Je peins à petites touches, l'humeur de la semaine à venir. Parfois j'invite des amis à déjeûner, je pense longteps à l'avance au grand plat que je vais préparer, je repasse une jolie nappe, je choisis des vins et des gâteaux. Le soir, surtout, je ne vais pas au cinéma. Le cinéma du dimanche soir est atroce: on choisit le film non par intérêt mais à cause de l'heure et de la proximité de la salle, et la salle est remplie de dépression du dimanche soir, on se bourre de sucre et de graisse, on ressort dans un état affligeant et le lundi matin a des allures de femme trop fardée et qui se force. Alors le dimanche soir, le mieux, c'est de faire un truc de samedi soir: aller danser, se réunir avec des amis qui ne se lèvent pas à huit heures le lendemain, boire un peu trop, faire des projets. Quand le dimanche est bien organisée, on se couche si content que le lundi est un jour délicieux. Le lundi, il faut se chouchouter car le téléphone sonne, les mails arrivent en colonies, parfois les factures ou le loyer à payer. Alors le lundi, il faut se lever un peu plus tard, manger le croissant que tout le monde réserve au dimanche, s'habiller dans le sens du confort, pas trop se maquiller, pas trop cuisiner, et surtout, vers 18h, décider que la journée est terminée, et alors que les salles sont vides, foncer au cinéma, et faire du lundi, un jour pas du tout gris.

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